Charles Le Brun naquit à Paris en 1619 dans une famille de sculpteurs. Dès 1633, il rejoignait un grand atelier de peinture. En outre il alla étudier les peintures de grands maîtres au château de Fontainebleau.
Son talent fut très vite apprécié de l?aristocratie parisienne et vers 1640, il comptait déjà de prestigieux clients comme le Cardinal de Richelieu.
Le voyage initiatique à Rome
Comme tous les grands artistes de l?époque, Charles Le Brun effectua un voyage à Rome pour s?imprégner des merveilles de la Rome antique et baroque. Il put rencontrer de nombreux artistes comme Nicolas Poussin qui voulut bien le prendre comme disciple. Ce voyage dura trois ans et il étudia la peinture, évidemment, mais également la sculpture.
Fondateur de l?Académie royale de Peinture
En 1648, Le Brun fut l?instigateur de la création de l?Académie royale de Peinture et de Sculpture avec onze autres peintres. Ainsi, il voulait que l?entreprise des arts fût centralisée sous une unique autorité.
Un artiste très demandé
A Paris, Le Brun était le peintre le plus demandé et celui-ci accumula les commandes de peintures pour des hôtels particuliers. Une de ses spécialités était le plafond peint et il fit des merveilles de son art, notamment à l?hôtel Lambert dans l?Ile Saint-Louis. Ainsi en 1649, il commença à travailler en relation avec Louis Le Vau, architecte de ce magnifique hôtel. Une nouvelle conjugaison de leurs talents leurs fut bientôt demandée.
En effet, Nicolas Fouquet, surintendant des Finances demanda aux deux artistes de bâtir et de décorer le merveilleux château qu?il souhaitait faire élever à Vaux-le-Vicomte.
Premier peintre du Roi
Après l?arrestation de l?imprudent Fouquet, le Roi Louis XIV mit l?équipe de Vaux-le-Vicomte à son service. En 1662, Charles Le Brun fut nommé premier peintre du Roi et en 1663, il devint jusqu?à sa mort le Directeur de la Manufacture des Gobelins que désirait Colbert, le protecteur de Le Brun.
La récompense suprême lui fut offerte lorsqu?il obtint le titre de Chancelier à vie de la puissante Académie royale de Peinture et de Sculpture dont il était le Secrétaire depuis 1661.
Les grands chantiers parisiens
Les responsabilités du peintre lui donnèrent beaucoup de travail car il devait s?occuper de l?ensemble des chantiers royaux parisiens et versaillais.
A Paris, il commença le décoration de la Galerie d?Apollon mais seules les boiseries, les stucs et quelques peintures furent réalisés à cette époque. Rapidement, Le Brun abandonna le chantier du Louvre comme celui des Tuileries d?ailleurs.
Aux Tuileries, Charles Le Brun avait la charge de décorer les quatre nouveaux appartements royaux de 1666 à 1671. Cette tâche considérable fut en grande partie déléguée à ses subordonnés de grand talent comme Noël Coypel, Nicolas Mignard ou Nicolas Loyr. Ainsi le premier peintre du Roi élaborait des esquisses de la décoration, choisissant le type de boiseries, dessinant les stucs et déterminant le sujet de chaque peinture, puis après l?accord de Colbert, les esquisses étaient délivrées aux peintres et autres artistes.
Comme au Louvre, la décoration ne fut pas complètement achevée lorsque Charles Le Brun fut mandé à Versailles où Louis XIV souhaitait établir sa résidence principale. La tâche était encore plus considérable car il y avait tout à créer.
Le chef-d??uvre versaillais
Le chantier de Versailles offrit à Charles Le Brun la possibilité de réaliser le chef-d??uvre de sa carrière. En fait il en réalisa plusieurs mais l?unité de style et l?important travail accompli au château de Versailles en fait encore aujourd?hui une ?uvre globale.
Une partie de ce chef-d??uvre était l?Escalier des Ambassadeurs, sublime escalier à double volée tout de marbre vert et rouge, dont le peintre réalisa les peintures des voussures et des murs du premier étage. Ce chantier se déroula de 1674 à 1678. Malheureusement cette réalisation incomparable de l?art baroque français fut détruit dès 1752. Cependant on peut en voir une copie un peu moins riche au château de Herrenchiemsee, construit par Louis II de Bavière.
L?autre partie de ce chef-d??uvre, la plus connue car elle nous est parvenue intacte, était le Grand Appartement, prolongé par le Salon de la Guerre, la Galerie des Glaces et le Salon de la Paix. Peu de peintre eurent la chance d?exprimer leur art au zénith de tant de magnificence. Charles Le Brun était bien le maître absolu de la peinture académique.
La concurrence de Pierre Mignard
Une telle influence de Le Brun sur les arts de la cour n?allait pas sans attiser les jalousies. Ce phénomène se fit d?autant plus ressentir après la mort en 1683 du premier protecteur du peintre, Colbert. Ainsi, Pierre Mignard saisit rapidement sa chance de remplacer Le Brun dans l?estime du Roi qui lui confia la décoration de la Petite Galerie (à Versailles, aujourd?hui disparue).
La fin d?un grand peintre
Même s?il était toujours la référence dans la peinture officielle, Le Brun se tint un peu en retrait et il ne peignit plus que des ?uvres à caractère religieux. Le Brun mourut en l?année 1690.
Guillaume CRIEF