Un quartier agricole et industriel au temps de François Ier
Au XVIème siècle, le quartier des Tuileries était hors de Paris dont la limite était définie par l?enceinte de Charles V. Certaines parties de cet élément défensif de la capitale sont encore visibles dans le Hall Charles V dans les galeries souterraines du Carrousel du Louvre.
Cet espace encore voué à l?agriculture avait une petite activité industrielle composée de fours à tuiles. Ces tuileries utilisaient l?argile abondante des bords de Seine et elles symbolisaient assez le site pour qu?il prenne définitivement l?appellation que nous connaissons encore cinq siècles plus tard. Quelques belles résidences secondaires furent édifiées dans cette zone peu bâtie dont l?une fut achetée par François Ier. Il voulait en faire une demeure de plaisance pour sa mère Louise de Savoie mais ce fut un haut dignitaire de la cour qui obtint d?y résider.
La nouvelle demeure de Catherine de Médicis
Après la mort accidentelle de son mari, Henri II, la Reine souhaitait fuir l?hôtel des Tournelles (dans le Marais) où se produisit le drame. Ne pouvant commodément habiter le Louvre en pleine reconstruction dirigée par Pierre Lescot, Catherine de Médicis acheta des terres dans le quartier des Tuileries pour se faire construire une belle et moderne résidence.
Les travaux commencèrent en 1564 sous la direction du premier architecte de la Renaissance française : Philibert de L?Orme. Il conçut un palais comprenant deux ailes de chaque côté d?un pavillon central surmonté d?un dôme et entouré de quatre clochetons. A l?intérieur se trouvait un très bel escalier qui fit la renommée de l?architecte. La façade donnant sur un très grand jardin, le Jardin des Tuileries, était appuyée sur de grandes loggias à arcades servant de promenoirs. Ces arcades, décorées de colonnes et de pilastres enrichis de pierres de couleur et de motifs végétaux, constituaient le style propre de Philibert de L?Orme qui définissait ainsi l?ordre français.
Le projet portait apparemment sur un immense ensemble de bâtiments qui auraient dû former de vastes cours intérieures mais la mort de l?architecte en 1570 arrêta le chantier. Il faut également dire que les finances de l?Etat n?étaient pas au beau fixe et qu?elles n?auraient de toute façon pas supporté le coût de l?immense projet.
Les travaux continuèrent avec Jean Bullant qui bâtit le pavillon qui porterait désormais son nom. C?était le pavillon accolé à l?aile sud de Philibert de L?Orme.
Le chantier s?arrêta définitivement en 1572 après une prédiction funeste que l?on fit à la Reine et elle décida de retourner habiter dans les murs de Paris à l?hôtel de Soissons. Bientôt le paroxysme d?une l?horrible guerre de religion et l?instabilité empêcheront durant longtemps toute nouvelle intervention mais les fils de la Reine, Charles IX et Henri III profitèrent des agréments du palais et du jardin.
Ainsi, Catherine de Médicis laissa l?esquisse d?un palais et peut-être déjà l?esquisse du Grand Dessein consistant à relier le Louvre aux Tuileries. Il comprenait le pavillon central, deux ailes avec loggias de chaque côté et un pavillon prolongeant une de ces ailes vers le sud.
Une amorce décisive du Grand Dessein sous Henri IV
Henri IV fit sien le grand projet des derniers Valois et décida de relier le Louvre aux Tuileries. Le Roi lui-même suivait de très près l?édification de la Grande Galerie reliant les deux palais mais les travaux prirent du temps et se déroulèrent tout le long de cette fin de règne, de 1595 à 1610. Ces travaux furent confiés à Louis Métezeau et à Jacques Androuet du Cerceau. Ce dernier bâtit également le massif pavillon de Flore à la jonction des deux ailes et il relia ce pavillon au pavillon Bullant par un mince corps de bâtiment en retour d?équerre abritant la Petite Galerie d?une cinquantaine de mètres.
Mais après la mort d?Henri IV, les Tuileries tombèrent dans l?oubli et elles n?abritèrent alors que des ateliers d?artistes.
Guillaume CRIEF