A. ACCES PAR LA COUR DU CARROUSEL
Sous le Second Empire, on accédait directement à la Cour du Carrousel par cinq entrées accessibles aux voitures ainsi qu?aux piétons et par une entrée spécialement réservée aux seuls piétons.
Coté grille :
l'Entrée d'Honneur de l'Arc de Triomphe était réservée aux manifestations officielles, mais elle était toujours sous la garde de 2 grenadiers de la Garde Impériale.
Les 2 entrées latérales, Porte des Princes et Porte des Suisses dont les grilles étaient ouvertes en permanence, étaient gardées chacune par une sentinelle et un sous-officier.
Du côté de l'Aile du Bord de l'Eau :
La porte cochère dénommée "Porte sud des Tuileries " dite aussi "Porte de l'Empereur" donnait sur le Quai des Tuileries (de nos jours "Porte des Lions")
Du côté de l'Aile Napoléon :
une porte cochère était ouverte à la 7ème travée et donnait sur la Rue de Rivoli.
à coté une autre porte cochère était réservée aux piétons.
Ces deux derniers accès étaient utilisés par le personnel et les fournisseurs.
B. ACCES AU PALAIS
Une fois dans la Cour du Carrousel, on accédait au Palais par différentes entrées.
Côté Aile du Bord de l'Eau
Un peu en amont de l'angle du Pavillon de Flore, la "Porte du Prince Impérial " (de nos jours Porte Jaujard) desservait la partie de l'Aile réservée au Prince Impérial ainsi que le nouveau Pavillon de Flore.
Sur la façade du Palais :
au sud, adjacentes au Pavillon de Flore, deux portes cochères cintrées ouvraient sur un vestibule accessible aux voitures. Ce vestibule donnait accès à l'Escalier de l'Habitation qui desservait la partie sud des Appartements de l'Impératrice et le Secrétariat Particulier de l'Empereur. C'était l'entrée habituelle des souverains et de leur entourage et s'y tenaient, en permanence, Suisses d'Appartements, Huissiers et Cent-Gardes. Ce vestibule, formant péristyle depuis Napoléon Ier, était certainement l'endroit le plus animé du Palais.
vers le centre, toujours sur la façade du Palais une autre entrée : le perron dit "de la Reine" d'où on accédait par quelques marches à un petit vestibule desservant l'appartement de la Gouvernante du Prince Impérial et les anciens appartements de ce dernier avant 1867. Ce vestibule communiquait également avec le fameux couloir "obscur", au milieu de l'édifice, qui longeait les appartements privés de l'Empereur. Très peu utilisée, c'est la porte qu'empruntèrent Marie-Antoinette et ses enfants pour fuir à Varennes.
au centre, l'Entrée du grand péristyle du pavillon central était l?entrée monumentale du Palais. Outre les cérémonies et les réceptions officielles, elle était fréquentée par les ministres et hauts fonctionnaires qui rendaient visite à l'Empereur, ainsi qu'aux visiteurs de l'Impératrice. En effet ce péristyle desservait coté sud les salons et le cabinet de l'Empereur ainsi que l'Escalier de l'Impératrice. Côté Sud, il communiquait avec un vestibule où se tenaient en permanence des Officiers d'Ordonnances. Côté Nord enfin, il desservait un vestibule s'ouvrant sur le Grand Escalier d'Honneur qui conduisait aux Salles de Réceptions et aux Salles des Grands Appartements.
vers le nord de la façade sur cour, s'ouvrait une entrée qui permettait l'accès à l'Escalier desservant le Foyer de la Salle des Spectacles.
à l'angle de Marsan, une autre porte accédait à l'Escalier du Pavillon de Marsan.
Côté Aile Napoléon
En bas de la première travée se trouvait l'entrée des Appartements des Hauts Dignitaires abrités dans la première partie de l'Aile. A la quatrième travée, il y avait la porte de l'administration de la Maison Impériale.
Le rez de chaussée du Palais était occupé, côté cour, par des appartements de fonction ou des salles de services et il existait d'autres entrées mais elles étaient d'un usage spécifique (ex: entrée de l'Aumônerie).
Dans la Cour du Carrousel les façades étaient bordées d'un trottoir d'environ 1,50 m de large sur lequel s'élevait une série de réverbères en bronze du modèle que l'on peut encore voir de nos jours en bas de la salle des Etats (socle en forme de dauphin et lanterne surmontée d'une couronne impériale). Tout du long de la grille, côté cour et côté place, un trottoir supportait également des réverbères tous équipés de becs à gaz. Enfin l?intégralité de la Cour était pavée.
Quai des Tuileries
Du côté de L'Aile du Bord de l'Eau, le site était strictement identique à nos jours avec une seule entrée, la "Porte Sud des Tuileries", porte cochère ouvrant sur la Cour des Tuileries mais donnant aussi accès à un vestibule desservant l'édifice. C'est par cette porte que Napoléon III quitta en voiture les Tuileries pour Saint Cloud un après-midi de Juillet 1870 pour ne plus y revenir.
Rue de Rivoli (du 105 au 111)
De ce côté aussi, le site n'a guère changé depuis 1870. La porte cochère qui donnait dans la Cour du Carrousel a été comblée et l'autre porte est depuis 1902 l'entrée du Musée des Arts Décoratifs. L'Etat-major de la Garde a quitté les lieux laissant les 32 statues placées dans les niches sous le Second Empire (toujours visibles). Les 22 niches restées vides à l'époque n'ont pas trouvé de "locataires" depuis...
Côté jardin
Face à la Place des Pyramides, au pied de Marsan, on accédait au jardin réservé par la Grille des Pyramides dotée d'une guérite. Un parterre gazonné s'étendait tout au long de la façade du Palais (à l'emplacement du tracé actuel de l'avenue du Général Lemonnier. A l'autre extrémité au pied de Flore, la Grille des Sphinx s'ouvrait sur le quai des Tuileries entre deux piédestaux surmontés de deux sphinges, trophées de Sébastopol (encore visible). Comme celle de la place des Pyramides la guérite était placée juste derrière la grille, à l'intérieur du jardin.
Hormis une petite entrée desservant le pavillon de Marsan, il n'y avait de ce coté qu'une seule entrée donnant accès au Palais : l'Entrée du Pavillon Central, ouvrant de plein pied sur le Péristyle depuis les travaux de Louis-Philippe. Elle était encadrée de deux superbes lions de Médicis sur piédestaux de marbre, une patte maintenant un globe. A côté, deux guérites encadraient la porte.
Certes des appartements de l'Empereur on pouvait accéder directement au jardin par deux perrons côté sud, desservis par de petits escaliers décorés de splendides rampes en fer forgé, mais ce n'était que pour un usage privatif.
Un
trottoir large de 1 m bordait la façade et supportait des
réverbères. Quatre Grenadiers de la Garde étaient
de faction sur toute la façade du Palais entre Flore et Marsan
et un Cent-Garde stationnait sur la première marche du petit
escalier qui accédait au petit cabinet adjacent au Bureau de
l'Empereur.
Toutes
les guérites placées aux entrées du Palais, de
la Cour, et du Jardin réservé étaient des
guérites quadrangulaires en bois, vernies aux couleurs
nationales, d'environ 1 mètre carré. Seules les deux
guérites situées devant l'Arc du Carrousel étaient
d'un modèle particulier leur donnant l'aspect d'une tente de
camp.
3. L'AUTRE ISSUE DES TUILERIES...
Parfois évoquée par des historiens avisés, les Tuileries possédaient depuis Napoléon Ier une issue, non point secrète, mais "discrète" : Le passage souterrain de la terrasse du Bord de l'Eau.
En 1810 le jardin réservé n'existant pas, les gouvernantes du Roi de Rome auraient dû traverser une partie publique du jardin pour se rendre à la terrasse du Bord de l'Eau, réservée à la famille impériale. Pour palier à cet inconvénient, Napoléon fit ouvrir un passage souterrain entre le sous-sol de Flore et la Terrasse du Bord de l'Eau sous laquelle on creusa un tunnel. On profita de ces travaux pour prolonger ce tunnel sous la terrasse jusqu'à la place de la Concorde où il débouche au niveau de la porte d'accès aux deux escaliers près du piédestal du Lion côté Orangerie (une porte de fer toujours visible ferme ce tunnel).
En 1848, certains contemporains rapporteront que Louis-Philippe s'était enfui des Tuileries par le jardin mais en vérité, la cour et les jardins étant envahis, il quitta précipitamment le salon où il venait de signer son abdication, descendit au sous-sol, emprunta le souterrain qu'il parcourut tout du long et ressortit par la porte donnant au coin de la place de la Concorde et du quai. Une gravure de l'époque témoigne du lieu de sortie.
Le 16 juin 1848 ce souterrain vit l'évasion des Tuileries de prisonniers blessés lors de l'Insurrection de mai 1848 qui étaient soignés à l'Hospice des Invalides Civils installé dans le Palais. La Garde Nationale envoya des renforts pour mater cette "mutinerie" dans l'Hospice, mais les révoltés s'enfuirent par le souterrain.
Curieuse destinée que celle de cette issue "discrète" qui aura davantage servi à des éléments du peuple pour fuir un palais où ils étaient prisonniers d'une République qu'ils avaient portée au pouvoir 4 mois auparavant?
Ce tunnel a été remplacé par la trémie d'accès au Central téléphonique souterrain construit en 1970 sous les parterres sud du jardin, mais il subsiste toujours sous la Terrasse du Bord de l'Eau, entre la Porte Solferino et la Concorde, où il sert de remise aux jardiniers.
Hervé SECCHI-JAMES